pierre bourreau. bordeaux

Je n'ai jamais habité au Mali. J'y suis passé, à tant de reprises.
J'ai aimé me balader sous son soleil, j'ai aimé prendre le thé avec Bako, avec Guy et son frère, à Ségou. J'ai aimé Baba, Mohamed, Moussa, le Meru Ba, sa salle vide. J'ai aimé écouter de manière presque religieuse Mali Sadio de Mandekalou avec Moussa. J'ai aimé le temps qui se faufile, se dilate, nous glisse entre les doigts comme une anguille. J'ai aimé la terre ocre, sa poussière, sa sueur. J'ai aimé le grand marché, les klaxons, les esquives entre les voitures.
Je n'ai jamais habité au Mali... mais j'aimerai tant être, ce soir, dans tout ce vacarme, cette frénésie de flashs, cette angoisse distante, j'aimerai être à Ségou, au bout du goudron du quartier ACI, avec M.Diallo, pouvoir discuter avec un sage. Être dans sa cour, autour de ses enfants qui vous regardent attentivement. Pouvoir discuter avec lui, comprendre, questionner. Essayer de se rassurer.
Je n'ai jamais habité au Mali, mais son Djoliba coule en moi.

Bordeaux 2 avril 2012